Présentation de l'Amie

jeu. 19 mars 2015

Remarque : l'ensemble des réflexions exposées ici sont en cours d'affinage. L'Amie n'étant pas à ce jour constituée (pas en tant qu'association loi 1901), tous les éléments de détails sont susceptibles d'évoluer. Vous souhaitez prendre part au débat ? Contactez nous !

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La problématique

L'Amie est né du constat que les petites structures sont souvent mal équipées en informatique. En particulier celles qui ont peu de moyen, comme les associations et structures de l'économie solidaire. Les situations sont couramment médiocres, avec des « installations précaires », des machines récalcitrantes, qui tombent en marche de temps en temps mais qui sont régulièrement sources de stress et de perte de temps. De temps en temps, on fait appel à un prestataire, dans l'urgence, pour réparer les pots cassés. S'il est compétent1, celui-ci corrige le problème, à prix d'or, et repart, laissant souvent l'infrastructure globale dans un état proche de celui où il l'a trouvé en arrivant. Et personne n'est bien sûr près à investir les quinze jours de prestation qui seraient nécessaires à la remise à niveau de l'infrastructure, les budgets n'offrant que rarement la latitude pour un tel investissement de fonctionnement. Seul le traitement curatif est possible et envisagé.

Si vous ne vous reconnaissez pas dans cette lecture, tant mieux pour vous : vous êtes probablement privilégié. Mais si au contraire c'est votre quotidien, sachez d'ors et déjà que pour nous, une machine ne devrait ni plus ni moins faire ce qu'on lui demande, faire tout ce qu'on lui demande, et ne faire rien que ce qu'on lui demande. Le reste porte un nom : « dysfonctionnement ».

Par ailleurs, l'offre en maintenance ou en ingénierie en logiciels libres est souvent plus adaptée aux « grands comptes » qu'aux petits acteurs économique : ça créé une situation paradoxale où, alors que l'éthique des structures associatives est très alignée avec celle du mouvement du logiciel libre, les deux mondes se côtoient et se regardent en chiens de faïence. C'est paradoxal, car les « grands comptes » et parmi eux ceux qui ne s'embarrassent pas d'éthique ont depuis des années su s'approprier à leur profit l'immense bouillonnement intellectuel innovant et créatif qui gît dans les communautés du libre et de l'Internet « libéré ». Ainsi, malgré des années d'efforts dans des associations telles que l'April avec son groupe libreassociation, on ne peut que constater que les discours sont rarement suivi d'effets, surtout lorsqu'il s'agit de conduire un changement dans les pratiques.

Pourtant, outre le fait d'être la seule solution respectueuse de l'éthique de ses usagers et contributeurs, le logiciel libre reste dans la majorité des cas le chemin le plus court pour construire un système d'information fiable et performant, même dans une petite structure.

Assez logiquement, donc, l'idée de l'Amie est de faire progresser ces deux points assez peu dissociables : l'appropriation de l'informatique libre par les petites structures ; et la montée en qualité des systèmes informatiques des petites structures. Un objectif complémentaire aux deux précédents est aussi la montée en compétence et en autonomie informatique des personnes impliquées dans ces structures.

Une rencontre avec un territoire

La préoccupation de l'appropriation de l'informatique — et a fortiori de l'informatique libre — par tous est ancienne pour le fondateur de l'Amie. Ce qui a aidé au déclic, c'est la rencontre avec un territoire rural. Comment exercer le métier d'informaticien dans un pays rural, où la moindre ville significative disposant par exemple d'un pôle universitaire est à une heure de route ? La réponse est venu de l'observation d'une activité agricole très florissante en milieu urbain ou péri urbain : les AMAPs.

Les AMAP naissent en général de la rencontre de personnes souhaitant bénéficier d'une nourriture saine, produite localement selon les méthodes de l'agriculture paysanne, et d'un producteur qui souhaite vivre dignement de son métier. Les consommateurs s'organisent pour fournir un revenu stable au producteur, suffisant pour couvrir les frais d'exploitation et payer le temps de travail de ce dernier, et en échange ils profitent des fruits de l'exploitation de la ferme : des fruits, légumes, œufs et (pourquoi pas) viandes ou miel, dont ils organisent eux même la distribution au sein de leur groupe. Les producteurs, quant à eux, peuvent se satisfaire de mettre leur savoir au profit d'une agriculture respectueuse de la terre et des humains.

Pourquoi ne pas imaginer le même modèle dans l'informatique ? Il est possible, probablement, de trouver un groupe de structures intéressées par l'idée de payer un informaticien à leur service, et en échange qu'elles récoltent les fruits de son travail, c'est à dire une maintenance d'infrastructure dans la durée, une diminution des occasions de panne, et une augmentation du nombre de services informatiques, conséquente juste de l'effort de collaboration, permettant la mutualisation des investissements2. Par analogie avec l'AMAP, l'informaticien aurait quant à lui, l'intérêt personnel de pouvoir développer son savoir faire en travaillant au service de structures qu'il a envie de soutenir. Par exemple des structures respectueuses de la terre et des humains.

C'est ainsi qu'est donc née l'idée de l'Association de Maintenance InformatiquE (Amie), qui peut prendre la forme « conventionnelle » d'un groupement d'employeur.

Le fonctionnement de l'Amie

Une organisation associative

Le A de Amie signifie association. Une structure qui profite des services de l'Amie n'est pas une cliente, mais une associée. Elle est adhérente de l'association et paie une cotisation qui sert à couvrir les frais de fonctionnement de l'Amie. Elle siège au Conseil d'Administration, et, à ce titre, peut participer aux décisions relevant de la vie associative de l'Amie ; par exemple : décider ou non d'employer une personne, fixer le montant des cotisations, etc.

En échange, la structure souscriptrice reçoit les services de l'Amie :

  • un informaticien est mis à disposition chez elle de façon régulière ;
  • elle profite de services collectifs fournis par l'Amie ;
  • son personnel et/ou ses bénévoles disposent d'un accès libre et prioritaire à toutes les formations dispensées par l'Amie.

Au quotidien, le travail technique réalisé par l'informaticien au sein de la structure souscriptrice est géré individuellement, en fonction des besoins identifiés.

Les chiffres

Que signifie, financièrement, de souscrire à une offre de l'Amie ? Voici un exemple de base, à adapter selon vos besoins réels.

Une Amie employant une personne aux 3/5 (temps partiel) a des dépenses estimées à 24 000 € par an. Une offre de maintenance standard pourrait constituer en une présence environ une fois par mois (appelons ça une « part », analogue à un panier en AMAP). Aussi, aux 3/5, l'employée de l'Amie travaillerait environ 12 jours par mois. Donc l'Amie peut dispenser 12 parts de service dans cette configuration. Logiquement, on déduit que le prix de la part, pour permettre à l'Amie d'équilibrer son fonctionnement sera d'environ 2 000 € par an.

Retrouvez sur la page idoïne ces résultats, avec une adaptation interactive des contraintes.

Note : les tarifs discutés ici supposent des dépenses dans la durée, notamment en matière de salaires. Le tarif de démarrage de l'Amie sera probablement inférieur, autour de 1 500 € la part. Aussi, une croissance raisonnable de l'Amie devrait lui permettre dans la durée de réduire le coût d'une part. Dans tous les cas, ces tarifs seront renégociables dans le cadre de la vie associative de l'Amie, en fonction des résultats d'exercice présentés.

Pour ce tarif, vous devriez profiter concrètement au long de l'année :

  • de 9 jours de mise à disposition d'un informaticien (apparaissant dans votre registre du personnel) ;
  • de 2 jours de travail consacré à la vie collective de l'Amie, permettant :
    • la mise en place de services mutualisés (emails, hébergements, sauvegardes, services web, etc.),
    • la mise en place de formations ouvertes à tout votre personnel,
    • des interventions d'urgence, chez vous ou à distance, à tout moment,
    • la gestion interne de l'Amie.

Note : l'équilibre entre l'investissement collectif ou individuel est à ajuster par la pratique. La principale contrainte est que la somme des deux fait 11 jours pour une part, car un salarié travaille environ 11 mois par an.

Les coûts impliqués, concrètement, ne devraient pas dépasser 180 € par jour de mise à disposition (la TVA étant exclue, car l'Amie ne fait pas de prestation commerciale), ce qui fait de l'Amie une solution très économe pour votre maintenance informatique (les coûts conventionnels de prestation dans le domaine étant significativement supérieurs, entre 250 et 600 € HT selon la technicité du sujet).

Le quotidien

Au quotidien, la personne mise à disposition chez vous par l'Amie est intégrée au même titre que n'importe quel employé. Elle figure au registre du personnel avec une mention « Mise à disposition par un groupement d'employeur » ainsi que la dénomination et l'adresse de l'Amie.

Le suivi du travail et les décisions sont gérés selon une méthode « agile », dans le respect de nos valeurs. Les méthodes agiles sont, d'après nous, les meilleurs garanties qu'un technicien peut apporter pour répondre au mieux au besoins des bénéficiaires, dans le respect des personnes.

Une partie des compétences disponibles à votre service sont listées dans la rubrique « réalisations ». Toutefois, pour donner un exemple, un des premiers domaines sur lesquels avancer est probablement la sécurisation de vos données. Celles-ci doivent être toujours accessibles et immortalisée, elle doivent survivre à n'importe qu'elle panne matérielle. Celles-ci doivent aussi être facilement partagés entres collaborateurs ou bien à des destinataires légitimes, tout en étant inaccessibles aux personnes illégitimes (malveillantes). De nombreux services sont imaginables pour surveiller et anticiper les pannes, et pour permettre la réversibilité des erreurs de manipulation.

Conclusion : rêvons un peu

Vous êtes en décembre 2016. Vous aviez hésité à vous lancer dans l'aventure, fin 2015, car la constituante de l'Amie s'annonçait difficile... Mettre tout le monde d'accord, quel bazar ! Et puis, 1 500 €, c'est tout de même un budget. Mais à un an, c'est l'occasion d'un bilan.

D'abord, vous ne vous souvenez pas de votre dernier incident informatique. Oh, oui, il y a bien eu quelques soucis ces derniers mois, mais la plupart du temps, l'Amie était au courant du problème avant que vous ne vous en rendiez compte. « Supervision », comme ils disent dans leur jargon. En tout cas, il y a une chose qui ne fait pas de doute : le niveau de stress dû à l'informatique est retombé dans vos équipes. Finis les défauts récurrents et inexpliqués. Finies les pertes de connexions, dues à un câble débranché accidentellement. Vous appréciez les bénéfices d'un traitement préventif, et vos équipes perdent moins de temps à se battre contre des machines.

Et puis il y a l'écoute. C'est agréable d'avoir un interlocuteur à votre service, toujours le même depuis le début, et commençant à très bien maitriser votre fonctionnement interne et capable de cerner vos besoins dans une juste mesure. C'est agréable aussi de pouvoir se laisser conseiller sans que la composante commerciale ne rentre en ligne de compte. Il n'y a pas de méfiance, nos intérêts sont convergents. L'Amie n'a rien à vendre.

Pour l'année qui vient, la cotisation devrait augmenter un peu, pour couvrir quelques investissements en machines. Lors de l'assemblée générale, on a parlé de mettre à 1 600 € la part. C'est un budget plus important que les 400 € annuels que vous consacriez avant à l'informatique. Mais vous êtes sereins. Normalement, votre nouveau système de boutique en ligne sera près dans quelques mois. Vous avez vu les maquettes, et vous voyez le projet avancer chaque mois. C'est basé sur un logiciel « libre », comme ils disent. Vous comprenez que son intérêt réside dans le fait qu'il est développé par une communauté, dont vous faites désormais partie. À ce titre, il est utilisable sans restriction et modifiable à volonté pour s'adapter à vos besoins. Ainsi, cette boutique vous permettra d'augmenter vos débouchés, et de réduire vos coûts de gestion. Les 1 200 € consentis comme un investissement seront rapidement couverts par les bénéfices dégagés et suffiront pleinement à justifier une année supplémentaire de maintenance par l'Amie. Alors, pourquoi vous refuser un tel confort ?

Vous pensez que c'est un rêve ? Laissez nous vous surprendre.
Vous avez probablement besoin d'une Amie !


  1. Il arrive aussi que celui-ci ne soit pas compétent, ou bien que celui-ci tire profit de sa situation de « sauveur », etc. Il est parfois délicat d'entretenir des relations de confiance, dans la durée, avec un prestataire : les conflits d'intérêt arrivent tôt ou tard, la continuité des contacts et intervenants n'est pas toujours assurée, etc. Loin de nous l'idée de jeter le bébé avec l'eau du bain : la « prestation » n'est pas un mal à combattre. Mais la réalité économique rattrape bien souvent même les meilleures intentions, et, il est logique que lorsqu'un prestataire reçoit épisodiquement quelques dizaines d'euros pour intervenir sur une panne, il n'a pas la latitude pour construire une politique informatique digne de ce nom au sein d'une structure. Il peut aussi se lasser d'une forme d'impuissance et ne pas mettre tout son cœur à l'ouvrage. Enfin, il peut aussi se poser des problèmes de légitimité, par exemple lorsqu'il s'agit de manipuler des données à caractère personnel touchant les employés ou partenaires de la structure. 

  2. Il y a de nombreuses choses en informatique qui ont le même coût lorsqu'ils sont utilisés par une personne ou par cent personnes. Les coûts initiaux de déploiement sont souvent très majoritaires comparés aux coûts variables d'exploitation, liés aux nombres d'utilisateurs. Pour donner une analogie, il est plus difficile d'écrire un compte rendu que de le partager à dix destinataires. Et le partager à cent destinataires ne coûte pas de le réécrire cent fois. 

Tags: Amie Logiciel libre